Cet article a commencé avec un message de Marion, une de mes copines en IRL qui a une formation d'architecte et qui voyage. Généralement, on parle de plans de voyage, de cimetières croisés sur la route, de bouffe mais cette fois, elle me dit: "tiens, j'ai pensé à toi en voyant un reel sur Instagram". Il était question d'un type qui comparé 2 types de cabines téléphoniques (entre autres) et qui disait que les cabines modernes et minimales étaient moches en comparaison avec les emblématiques cabines anglaises. Marion me connaissant bien m'envoie quelques jours après le fameux reel de ce type qui est terriblement mauvais sur bien des points mais qui au moins a le mérite de nous faire (ici sur le blog, pas sur Instagram) nous pencher sur la question du minimalisme et pas uniquement sous le prisme de l'architecture intérieure comme j'ai pu déjà aborder le sujet mais sous une facette plus large notamment via l'architecture.
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01 • Les origines multiples du minimalisme
Tout le monde s'accorde à donner les débuts du minimalisme à Mies van der Rohe. Je vous ai déjà parlé de lui dans mon article à propos du Bauhaus dont il a été le 3ème directeur avant que l'école ne soit fermée par les nazis et il fricotera avec Hitler. Et c'est à ce "charmant" personnage que l'on doit le célèbre "less is more" qui caractérise le minimalisme.
Le minimalisme trouve pour certains ses origines dans l'Abbaye du Thoronnet, construite entre le XIIème et le XIIIème siècle dans le Var. Elle est classée par l'UNESCO. Le Corbusier la visitera en 1953. Cette abbaye cistercienne est construite avec simplicité et humilité. Il y a aussi une démarche singulière quant à sa construction. Elle est faite de pierres taillées rapidement, "rudement". Cette matière qu'on pourrait dire qu'elle est mal-dégrossie réagit aux rayons du soleil et fait que l'Abbaye scintille. C'est intéressant de voir que dès les XIIème et XIIIème siècles en France, on s'intéressait à la simplicité des matériaux, à la simplicité de leur travail et qu'on pouvait en tirer quelque chose d'esthétique.
Toujours dans les origines du minimalisme et avant Mies van der Rohe, on peut aussi évoquer le travail de Louis Sullivan (architecte américain) qui s'inscrit dans un refus de l'architecture classique de la fin du XIXè et qui tend à associer fonctions et formes. Il travaillera notamment sur l'expression de la hauteur des bâtiments et la verticalité qui en découle.
Certains architectes minimalistes vont puiser leur inspiration au Japon. La philosophie zen ainsi que l'esthétique japonaise arrivent en occident au cours du XVIIIème siècle. Cela apporte un regard différent sur l'objet, sur ce qui nous entoure. Une recherche du beau avec une notion spirituelle. Formes simples, inspirations naturelles, principe du "ma" qui signifie vide. Le wabi-sabi influence aussi les réflexions plus minimales.
02 • Quelles sont les caractéristiques du minimalisme?
Vous remarquerez que j'ai parlé des origines du minimalisme. Je ne lui ai pas donné de fin, tout simplement parce que c'est un mouvement qui est encore actuel et qui évolue avec le temps. Il puise ses inspirations dans différents mouvements, notamment avec le Bauhaus ou le mouvement De Stijl (c'est prévu que je vous en parle mais il faudra attendre un peu!). Voici donc les principales caractéristiques de ce mouvement:
02•1• Minimalisme et abstraction
Parce que le concept d'abstraction est vague dans mon esprit et peut-être dans le vôtre, voici la définition du Robert: " 1. Fait de considérer à part une qualité, une relation, indépendamment des objets qu'on perçoit ou qu'on imagine. L'être humain est capable d'abstraction et de généralisation. 1.bis. Qualité ou relation isolée par l'esprit. ➙ notion. La couleur, la forme sont des abstractions. 2. Idée abstraite (opposée à la réalité vécue). La vieillesse est encore pour elle une abstraction. 3. Faire abstraction de qqch. : ne pas tenir compte de. Abstraction faite de son âge. 4. Art abstrait L'abstraction lyrique." Bon ok, perso, ça ne m'avance pas des masses pour comprendre cette idée. J'ai donc trouvé une autre définition: "L'abstraction est l'acte de représenter des caractéristiques essentielles sans inclure les détails d'arrière-plan ou les explications."
De ces deux définitions, je retiens 2 choses. La première c'est l'idée d'isoler les choses, c'est à dire une démarche un peu différente. On ne se contente pas de voir une construction dans son ensemble mais on va tâcher d'isoler ce qui la compose. La seconde, c'est l'idée d'exclusion pour garder ce qui est essentiel. On se sépare de ce qui est superflu. Je reviens après sur ce qui est essentiel dans le minimalisme.
02•2• simplicité & minimalisme
On connait tous ce mot simplicité pourtant c'est un concept assez difficile à appréhender au quotidien. Qui n'a pas l'impression que sa vie est trop compliquée? Cela fait bientôt 7 ans que je médite sur cette question et j'ai encore du chemin à faire. En architecture, la simplicité peut prendre différentes formes: l'apparence générale d'un bâtiment, l'agencement des pièces, les matériaux utilisés... Dans le cadre du minimalisme, on peut opposer la simplicité à l'excès.
02•3• Les essentiels du mouvement minimaliste
Il y a 3 essentiels dans le mouvement minimaliste: la lumière, l'espace, les matériaux. Le défi / la démarche d'un architecte minimaliste c'est d'associer ces 3 éléments pour créer un équilibre, une harmonie. Ces 3 éléments communiquent, interagissent entre eux. Ils forment un tout.
02•4• Ordre et harmonie + équilibre entre nature et construction
En plus de la question de ce qui est essentiel et ce qu'il ne l'est pas, le minimalisme tend à un idéal (qui n'est peut-être pas le vôtre, je le conçois).
03 • Architecture minimaliste et urbanisme
On peut voir que le monde est fucké juste avec une requête google hyper simple: "architecture minimaliste et urbanisme"... qui ne donne pas tout de suite des résultats probants. Pourtant quand il est question d'architecture et pas que minimaliste, la question de l'urbanisme n'est pas loin. Peu importe la construction et le style de cette construction, elle va avoir un impact au moins visuel dans la rue où elle se trouve. Et avec le minimalisme, on arrive à cette question d'idéal que j'ai volontairement laissé en suspens dans la partie précédente. La démarche d'un architecte minimaliste va être de créer un bâtiment qui est en harmonie avec son environnement et qui tend à un équilibre avec la nature qui l'entoure.
J'aime bien l'exemple du verre qui laisse voir mais qui peut aussi refléter. Il se fait oublier au profit de ce qui se trouve à proximité. C'est un matériau qui efface certaines limites (on peut le mettre en parallèle avec une cloison pleine, elle va casser la vue alors que le verre laisse voir). Pour moi qui aime vivre en extérieur, le verre est un matériau de choix puisqu'il permet de profiter de la vue tout en bénéficiant du confort de l'intérieur. Le verre efface l'idée de boite dont je vous parle après. La démarche est différente que pour une construction classique. Les grandes cloisons vitrées qui caractérisent les maisons minimalistes ne me demandent aucun effort pour profiter de la vue sur l'extérieur. Dans une maison traditionnelle, les fenêtres et autres ouvertures sont standardisées. Il faut réellement se déplacer devant la fenêtre ou la baie vitrée pour profiter du jardin. Pour un bâtiment public par exemple, l'utilisation du verre sera éventuellement différente. Pour mieux comprendre comment s'imbriquent les différentes caractéristiques du mouvement minimaliste pour créer un bâtiment public qui tend à être harmonieux, vous pouvez de regarder de plus près l'exemple de l'école de Musique de Mantes-la-Jolie sur le site Archiliste. La composition du bâtiment est décrite simplement et vous verrez un peu plus comment s'ordonne la démarche du cabinet d'architectes. Le minimalisme et parfois associé à l'art, pour essayer de mieux appréhender cette démarche, je vous invite à regarder cette vidéo à propos du Bunker SYS*08 (et lire les diapos au début qui expliquent la genèse du projet ainsi que la démarche de l'architecte Rudy Ricciotti).
04 • Une opportunité de s'interroger sur des questions fondamentales
Je n'ai jamais caché mon goût certain pour le minimalisme ici sur le blog. Goût qui me vaut régulièrement des commentaires du style: "moi j'aime pas" sur les réseaux sociaux. J'adore les avis non sollicités, vous n'imaginez pas.
Je n'ai pas toujours aimé le minimalisme. J'ai vraiment commencé à m'y intéresser quand on a changé de vie il y a quelques années. C'est drôle comme porter sa maison sur son dos fait relativiser ce qui est essentiel de ce qui ne l'est pas. Du moins mais mieux au quotidien, j'en suis venue à m'intéresser au moins mais mieux surtout à l'intérieur et en décoration. Ca tombait bien, j'étais dans une grosse période de crise existentielle avec le blog. Et le minimalisme m'a fait me poser des questions. Bonnes ou pas, aucune idée, mais au moins j'avais de quoi réfléchir.
Le minimalisme est une opportunité de s'interroger sur ce qui est essentiel ou ce qui ne l'est pas, sur ce qui compose notre quotidien. On peut très bien vivre avec des objets qui ne sont pas essentiels mais au moins avoir conscience qu'on peut s'en passer, ce qui contribue à notre confort, etc.
Le minimalisme peut aussi être l'occasion de s'interroger sur nos goûts, sur le Beau avec une majuscule, sur ce que l'on attend d'une construction. Personnellement, j'éprouve maintenant une grande sérénité devant un bâtiment ou un intérieur aux traits minimalistes. C'est apaisant et c'est quelque chose que je recherche dans mon quotidien. Le minimalisme a du sens pour moi. Pour celles et ceux qui me disent qu'ils n'aiment pas le minimalisme (qu'est-ce que j'en ai à foutre?), c'est peut-être l'occasion de se demander plus précisément ce qu'ils n'aiment pas là-dedans. Sont-ils dérangés par l'absence? Est-ce que ça leur fait le même effet qu'une maison silencieuse où il faut absolument allumer la télé pour perturber le silence? Sont-ils malaise avec le fait se retrouver seuls face à leurs sentiments, leurs émotions? Il n'y a pas de jugement dans mes questions. Je sais comme être face à du vide peut être dérangeant. Ce sont juste des questions qui méritent qu'on y réfléchisse un moment ou à un autre dans sa vie?
Par ailleurs, le minimalisme peut être l'occasion de se poser des questions sur la fonctions de l'habitat, du bâtiment. On vit dans une boite, on travaille dans une boite, on se déplace dans une boite, on va finir dans une boite (même si elle termine brûlée). Avec Flo, on se pose régulièrement la question de ce qu'on aimerait comme logement si on venait à s'installer quelque part. On a des attentes très simples au final. Une case avec une terrasse, ça peut être chouette. J'exagère un peu mais pas tant. Sans cette question du minimalisme, je crois que je ne me serai jamais posé vraiment la question de mon habitat idéal et des conditions dans lesquelles j'aimerai vivre.
Enfin, on peut s'interroger aussi à ce que l'on ressent face aux constructions minimalistes. C'est pareil que de s'asseoir dans un musée face à une oeuvre contemporaine ou pas. Juste prendre le temps d'observer l'oeuvre / la construction et de regarder aussi ce que ça nous fait ressentir. Le "j'aime pas" est un peu trop facile. Le pourquoi j'aime ou je n'aime pas permet de mieux se connaitre, de mieux se comprendre aussi.
05 • Architecture minimaliste & voyage
Je fais rarement le lien directement entre le voyage (mon mode de vie nomade) et la déco / le design / l'architecture. Je crois que dans cette série Design & histoire, je l'ai peut-être fait uniquement quand il était question de style colonial (à lire ici) et d'orientalisme (à lire ici).
En Asie, je suis très rarement confronté au minimalisme et comme on ne court pas pour visiter les hyper-centres de certaines villes, on passe sûrement à côté d'une forme d'architecture minimale si elle existe. En Asie, l'habitation traditionnelle prend différentes formes selon la région et / ou le pays où l'on se trouve. Il peut y avoir une part de simplicité qui induit une certaine forme de minimalisme. Je pense notamment aux maisons en bois traditionnelles sur pilotis. Mais elles se font de plus en plus rares. Il y a un fort côté ostentatoire dans la culture asiatique (et particulièrement sud-est). Il faut montrer qu'on n'a du pognon même si on n'en a pas. Ce trait culturel peut prendre différentes formes: des maisons chichement décorées qui frôlent le ridicule ou encore des cabanes en tôles ondulées avec devant un gros 4x4 flambant neuf. Le côté zen qu'on associe facilement au bouddhisme quand on est en Europe n'existe pas. Les différentes formes de bouddhisme que l'on a pu rencontrer et un peu observer n'ont pas grand chose de zen.
Nous n'avons pas voyagé uniquement en Asie. La période Covid a été pour nous l'occasion de découvrir d'autres pays comme l'Arménie et la Géorgie qui sont d'anciens pays du bloc soviétique. Je me souviens avoir partagé sur les réseaux sociaux la photo d'une grande statue très angulaire et sans fioritures. J'avais encore des "j'aime pas", "c'est moche". Je trouvais qu'il y avait un côté fascinant dans cette statue, malgré sa taille imposante, elle avait tendance à me détendre. En Arménie toujours, j'ai aussi eu le tournis devant certaines constructions très imposantes. Pas le même tournis que celui que je ressens devant de grandes tours modernes à Kuala Lumpur par exemple, il y avait aussi une sensation d'écrasement. Cela m'amène à vous parler du constructivisme d'ex-URSS qui est apparu dans les années 1920/1930. Ce mouvement architectural est une révolution en architecture qui mêle une vision futurisme à des convictions politiques. L'industrie, les avancées technologiques sont utilisées pour créer des bâtiments impressionnants qui sortent de l'ordinaire. Le métal et le verre sont les principaux matériaux de construction de ce mouvement. Le Corbusier est parfois considéré comme un Constructiviste.
Le Corbusier est intéressant parce que selon ce qu'on lit, il fait partie de tel ou tel mouvement. Visiblement, il est difficile de le classer dans une seule case. C'est à lui par exemple qu'on doit le brutalisme qui vient de l'utilisation du béton brut. L'architecte franco-suisse voit dans le béton une expression primitive, une forme de sauvage. Et c'est drôle parce que jusqu'à cet article, je n'associais pas nécessairement brutalisme et Le Corbusier. Dans mon esprit, c'était plus une représentation de certains bâtiments communistes qui sont de nos jours lieux d'Urbex pour la plupart. Ces bâtiments associent tailles colossales, rigueur esthétique, béton... Un symbole du bloc de l'est pour moi qui suis née avant la chute du mur de Berlin. Le brutalisme se caractérise par l'utilisation du béton mais aussi parfois du verre, du métal ou encore de la pierre peu travaillée (ça nous rappelle l'Abbaye plus haut!). Il n'y a aucun ornement ou revêtement.
Et d'ailleurs, en préparant cet article, je me suis posée une question. Je vous explique le contexte: Je suis née dans la dernière décennie de la guerre froide, même si le message: "l'URSS sont les méchants" était probablement moins présent à l'école (qu'aux Etats-Unis par exemple), ce clivage entre bloc occidental et bloc de l'est fait partie de la culture dans laquelle j'ai baigné (et vous aussi si vous êtes né(e) avant les années 90 voire 2000). Et je me demandais si ce clivage / propagande / peu importe comment on l'appelle, influence encore nos goûts en matière d'architecture en l'occurence. Est-ce l'une des raisons qui expliqueraient la réaction tranchée des gens face à de grands bâtiments bruts? Ces bâtiments abandonnés ou pas restent un symbole d'une URSS révolue et donc d'une culture qu'on n'a clairement pas appris à aimer dès l'école. Bref, je n'ai pas la réponse à cette question, c'est juste un axe de réflexion que vous pouvez creuser si le coeur vous en dit.
06 • Principaux acteurs de l'architecture minimaliste
- Mies van der Rohe (allemand naturalisé américain, 1886 - 1969)
- Marcel Breuer (hongrois, 1902 - 1981)
- Le Corbusier (suisse naturalisé français, 1887 - 1965)
- John Pawson (anglais, 1949 -)
- Tadao Ando (japonais, 1941 -)
- Alberto Campo Baeza (espagnol, 1946 -)
- Donald Judd (américain, 1928-1994)
- Dan Flavin (américain, 1933-1996)
- Peter Zumthor (suisse, 1943 -)
- Luis Barragan (mexicain 1902-1988)
Une liste de noms c'est bien joli. Je vous propose en dessous des vidéos pour visiter certaines constructions minimalistes:
- Farnsworth House par Mies van der Rohe
- The Glass House de Philip Johnson
- La Villa Savoye de Le Corbusier (vidéo un peu plus longue que les précédentes)
- Studio et habitation de Luis Barragan
07 • Est-ce que le minimalisme a tué le style?
Pour en revenir à notre conversation avec Marion et au fameux reel de départ, on peut se demander si le minimalisme a tué le style.
Je vais la faire courte pour le coup: le minimalisme est un mouvement à part entière, une forme de style et d'esthétique même si cela ne plait pas à tout le monde. Il n'y a pas besoin de tortillé du luc. Il n'a pas tué le style, il envisage les choses différemment. Le style ne se résume pas qu'à de l'apparat et des moulures pour faire joli.
Dans sa vidéo Psychocerveau oppose d'un côté ce qu'il juge être beau et ce qu'il juge être moche. Je ne vais pas mettre un lien vers sa vidéo. Vous cherchez "le danger du minimalisme" et vous devriez tomber dessus. Rien qu'avec le nom, je suis en PLS. C'est assez terrifiant que ce type ait des milliers de followers vu le contenu qu'il produit. Ce qu'il fait n'est clairement pas ma came. Mais passons, là n'est pas la question. On va plus s'intéresser aux exemples qu'il prend. Il oppose une série d'images: un village coloré avec des fleurs et un canal opposé à un immeuble en béton désaffecté, un bistrot parisien style XIXème à un café blanc épuré avec des chaises en bois, des bancs anciens en bois et en fer forgé à des bancs en métal contemporains. On continue sur l'opposition de deux styles d'églises très différentes, l'une avec masse de détails et l'autre avec des formes très anguleuses. Après il "énonce" sa théorie en opposant une cabine téléphonique anglaise qu'on connait tous avec une cabine téléphonique française dans un sale état. Il met en évidence la différence esthétique entre les deux: d'un côté l'ornement comme il dit, les détails, la couleur. Pour lui, l'absence de détail est une absence de caractère. (Julie est en PLS... tout va bien). Ensuite, il sort de je ne sais où que "le beau a été forcé de laisser sa place au simple". Ensuite sans transition, il passe à la simplification des logos de marques américaines. Il ajoute une phrase qui n'a ni queue ni tête: "le problème du détail est qu'on n'a pas tous les mêmes goûts". On repart sur de l'opposition d'images: La façade à colombage VS la façade d'une construction neuve style maison de constructeur de quartier à "pas cher" (rien à voir avec une villa d'architecte). Pour lui la neutralité, la fonctionnalité mis en avant empêche de se forger un avis ou d'aimer / ne pas aimer quelque chose. Bon clairement il y a contradiction dans son discours puisque sa thèse est que le "minimalisme" est dangereux et que c'est moche. Il oppose un fauteuil classique avec beaucoup de détails à un fauteuil de style scandinave. Selon lui: les détails peuvent heurter les goûts de chacun donc on est parti sur de la neutralité puis il se demande si on est arrivé à sa définition du minimalisme parce que 'l'individu n'a plus rien à dire, n'a plus rien à apprécier". Passage sur la question de l'argent. Il part dans tous les sens... Après, c'est très drôle parce qu'il ajoute: "ainsi les 4 coins du monde se ressemblent, neutres sans identité" et il illustre ses propos avec la Statue de la Liberté ou encore l'opéra de Sydney et d'autres monuments qui symbolisent de grandes villes partout dans le monde. Conclusion hyper rapide: plus de couleurs, plus de culture, plus de beauté, plus de vie.
*** Passage Julie en PLS, qui vomit dans sa bouche, qui parle d'elle à la troisième personne parce qu'elle sent son âme se désintégrer face à un tel niveau de médiocrité tant au niveau des exemples que de la manière de présenter les messages *** Psychocerveau, si jamais tu tombes sur cet article, je t'offre gratuitement un cours en accélérer sur la communication et la manière de faire passer un message clair, c'est niveau seconde au lycée et promis, je ne serai pas condescendante ***
Dans cette vidéo, il y a peu d'exemples voire pas du tout qui représentent le minimalisme en tant que tel. Du coup, le minimalisme est-il dangereux? Je ne sais pas, la vidéo ne le traite pas. Est-ce qu'il a tué le style? Toujours pas de réponse. Il met juste en évidence le fait que les styles évoluent. Il y a toujours un "combat" entre les anciens et les modernes. C'est valable pour la littérature, l'art, l'architecture. Régulièrement, on a un refus de ce qui est établi, de ce qui est fait. J'ai eu l'occasion de le montrer avec par exemple l'Art Nouveau qui est un refus du style Second Empire. Et justement, cette opposition permanente entre les adeptes du "c'était mieux avant" et ceux qui s'ancrent dans la modernité permet l'évolution des styles, la création de nouveaux mouvements. En une courte phrase, le jeune homme évoque l'argent. Et là, on touche un point qui aurait pu être intéressant de creuser même dans un format de 30 secondes. Est-ce que l'argent / le capitalisme a tué le style? Cela peut expliquer les cabines téléphoniques ou les bancs qui font partie du paysage urbain. La cabine londonienne est devenue un symbole de la ville mais aussi une attraction à touristes. Les bancs en fer forgé vont bien avec le Paris romantique qu'attendent les touristes quand ils visitent la capitale. Pour aller plus loin, il aurait pu prendre aussi les bancs anti SDF dans certaines villes de France. Quelle magnifique invention un banc fait pour repousser des gens! On a quand même dépensé de l'argent pour créer quelque chose qui stigmatise une partie de la population. Rien à voir avec le minimalisme mais rien à voir non plus avec l'humanité.
Bref.
A lire pour aller plus loin:
Encyclopédie Britannica - Biographie de Louis Sullivan (en anglais)
Télérama - Rudy Ricciotti, architecte brut de décoffrage
Architectes Paris - Less is more : vous ne parlerez plus de minimalisme par hasard ! (je vous recommande cette lecture, l'article est très agréable)
Cairn Info - Architectures minimales par Bernard Oudin (si vous aimez les lectures pompeuses)
Archzine - Le minimalisme en architecture contemporaine – 53 photos!
My Modern Met - Qu’est-Ce Que Le Minimalisme ? Apprenez Les Subtilités Et L’histoire De Ce Style Influent
Arte - Urbex Rouge (vidéo non dispo mais je ne sais pas si c'est parce que je suis hors de France...)
Chronique d'architecture - Abstraction extrême de l’architecture
Bbys Magazine - L'essence du minimalisme : une simplicité raffinée
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