Il y a des nationalités et des époques qui se distinguent quand il est question de design et d'architecture. L'Italie après la Seconde Guerre Mondiale notamment. J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de plusieurs designers italiennes et je continue sur ma lancée avec Cini Boeri. Une architecte audacieuse qui plaçait la fonctionnalité au coeur de sa démarche.
Sommaire - Qui est Cini Boeri?
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Brève biographie de Cini Boeri
Cini Boeri (Maria Cristina Mariani Dameno) est née à Milan en 1924 et est décédée dans la même ville en 2000. C'est une architecte et designer italienne.
Etudes et début de vie active de Cini Boeri
Cini Boeri fait partie de la veine des architectes diplômés de l'Ecole Polytechnique de Milan. Elle obtient son diplôme d'architecture en 1951. Elle travaille brièvement avec Gio Ponti. L'année suivant, elle collabore avec Marco Zanuso. En 1963, elle ouvre sa propre agence à Milan.
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3 axes dominants dans son travail de designer et d'architecture
Pour présenter le travail mais aussi la manière de penser de Cini Boeri, il y a trois axes primordiaux à prendre en compte.
S'affranchir de certaines limites imposées pour plus de liberté
La question de la liberté me plait beaucoup personnellement. Il y a plusieurs facettes à prendre en compte. D'abord, celle du contexte. Cini Boeri est née dans une famille anti-fasciste. Cela prend une tournure plus particulière quand on se rend compte qu'elle a grandi dans l'Italie de Mussolini. On imagine aisément que cela façonne d'une certaine manière le regard que l'on porte sur le monde.
Par ailleurs, Boeri s'est libérée au début de sa carrière d'une certaine emprise masculine quand en 43, l’architecte Giuseppe de Finetti lui dit que l'architecture n'est pas un milieu féminin, que c'est un univers difficile. Cette remarque machiste n'entravera pas sa motivation et son oeuvre.
J'ai aussi l'impression qu'elle s'est affranchie d'une certaine part du métier de designer: celle de faire la promotion à tout va de son travail, celle de travailler sur des projets partout dans le monde. Souvent, les médias la qualifient de designer italienne moins connue (mais bizarrement, c'est celle pour laquelle j'ai eu le moins de difficultés à trouver des informations sur son oeuvre architecturale).
Toujours dans l'idée de liberté, on peut noter une forme de liberté créative qui passe par le choix des éditeurs de mobilier avec qui elle collabore (Artflex, Knoll) mais aussi les matériaux utilisés. Le meilleur exemple à mes yeux est le canapé Serpentone (1971) qui se vend au mètre et qui est composé de mousse polyuréthane. C'est un canapé modulable.


La fonctionnalité au coeur de la démarche de Boeri
Autre point plus important pour comprendre le travail de Boeri: La fonctionnalité. Elle n'est pas la seule designer à différencier décoration et fonctionnalité. Cependant, à la question: Les produits du design doivent-ils être beaux ? Boeri répond: "J'espère qu'ils doivent être facilement compréhensibles, utiles et donc beaux." L'utilité et la fonctionnalité n'excluent pas l'esthétisme. La décoration n'est pas du design puisqu'elle n'est pas axée sur le fonctionnel.
Et pour qu'un meuble ou un objet soit fonctionnel, il est impératif de placer l'humain au coeur du projet. Dans la démarche projet / contexte / client, c'est le besoin du client qui prime. A travers ses projets architecturaux mais aussi les meubles et accessoires qu'elle imagine et crée, elle souhaite simplifier la vie des gens. Elle va même imaginer une gamme de meubles pour la prison de Bollate à Milan. Ce sont les détenus qui fabriqueront étagère, bureau, table et panneau conçus par la designer.
Le design de Boeri associe fonctionnalité et économie. L'idée sous-jacente de ce point est la production de masse qui permet de produire en grande quantité et de baisser les coûts. Le design n'est plus alors réservé à l'élite (enfin moins réservé à l'élite). La question d'économie concerne aussi la recherche et l'utilisation de matériaux novateurs pour l'époque (notamment le plastique et le caoutchouc).
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Imaginer et concevoir un habitat dans le respect de la nature
Au niveau architectural, le travail de Boeri s'inscrit dans le respect de la nature. C'est une thématique contemporaine mais à l'époque de la reconstruction et les décennies qui ont suivi, c'est une démarche qui n'est pas ordinaire. L'architecte tend à unir l'humain et la nature. Et cela donne des habitations peu ordinaires.
- Rotonda (1966) est un bâtiment circulaire qui se dresse sur des rochers face à la mer.
- Maison en bois (1969) dont le plan a été conçu pour éviter d'abattre des arbres.
- Villa su Tre Livelli (1992/93) fait le lien entre le moderne et l'ancien (une ferme rénovée) grâce à une véranda suspendue.


Pour en savoir plus sur Cini Boeri
Design Culture - Cini Boeri (en italien)
Barnebys - 7 choses que vous ignoriez sur Cini Boeri
AD Magazine - La Casa Rotonda, une maison d'architecte entre ciel et mer en Sardaigne
Ideat - Cini Boeri, une pionnière dans le design italien
Marie Claire Maison - Cini Boeri, architecte discrète d'un design italien audacieux
Knoll - Remembering Cini Boeri (en anglais)
Youtube / Design Stories - Cini Boeri: The Visionary Who Defied Design Norms (anglais & italien)
Source de l'image d'en tête: petruccimarco.it