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[Nomade] L’illusion de l’artisanat local en Asie

Après mon article à propos de notre quotidien en extérieur que nous vivons depuis plusieurs années en Asie, l'une de mes lectrices m'a posé des questions sur l'artisanat local. Merci Brigitte pour cette idée d'article. En commentaire, ce n'est pas des plus évident de te donner des détails. Pour résumer, j'avais une idée fantasmée de l'artisanat local. Je m'étais dit qu'on allait visiter un tas d'ateliers, découvrir moult techniques, en avoir plein les yeux et tout ça. C'était un fantasme, un gros fantasme. Et c'est pareil pour la déco. Je pensais avoir un tas de belles choses à vous montrer, de quoi vous inspirer. Mais entre les intérieurs bohèmes qui invitent au voyage et qu'on vous présente dans les médias et la réalité dans laquelle je vis, il y a un monde!

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L'artisanat local, une attraction pour les touristes?

Commençons par l'artisanat local, la création du mobilier ou des tissus. Comme je l'ai dit, je m'attendais à quelque chose de radicalement différent il y a quelques années.

Ce qu'on a vu de l'artisanat local en Inde

Lors de notre premier et deuxième visas en Inde, on a visité quelques ateliers. On a vu un atelier de tissage de soie à Varanasi. On a vu un atelier autour du textile et un atelier de peinture à Jaipur. Il faut savoir qu'à chaque fois, ce n'était pas de notre propre initiative qu'on a fini dans ces ateliers. On nous y a emmené. A Varanasi, c'était le chauffeur de tuktuk qui nous a emmené à Sarnath qui nous a trainé dans l'atelier. A Jaipur, c'était aussi un chauffeur de tuktuk qui nous faisait faire le tour de la ville pour vraiment pas cher. La contrepartie c'était de visiter des ateliers. Il faut savoir que partout en Inde, le chauffeur de tuktuk / le guide qui amène des clients potentiel a une commission de la part de la boutique. Il y en a qui vont jouer franc jeu, d'autres pas du tout.
Chaque atelier a une boutique attenante. Dans l'atelier qui travaillait la soie à Varanasi, c'était incroyable. On a vu un hindou être traité comme de la merde par un musulman. (Ce sont les muslims qui ont un certain monopole sur le marché de la soie). On a su nous dire que Catherine Deneuve venait à Varanasi pour acheter de la soie, je n'ai pas le même pouvoir d'achat que l'actrice! Et on nous a forcé à regarder de la soie industrielle dans la boutique. C'était la fin de journée, on n'en avait rien à foutre. On a essayé plusieurs fois de dire qu'on n'était pas intéressés. Comme il faisait semblant de ne pas comprendre, on s'est levé et on s'est cassé, le tout agrémenté de quelques insultes en français de notre part et en hindi de la part du gros vendeur.
A Jaipur, même cirque ou presque. Comme à Varanasi, les "artisans" ne travaillaient pas quand on est arrivé. Ils ont été appelés pour nous faire un petit spectacle. On a vu une technique de print block. Cette technique consiste à imprimer des motifs sur du tissus à l'aide de gros tampons. Ca, c'était sympa à voir et l'artisan qui n'était pas tout jeune savait ce qu'il faisait. On a vu aussi de la broderie. Des gars au sol autour d'un morceau de tissus, pliés en 4 avec une luminosité basse qui brodent sans discontinuer. Eux, ils bossaient vraiment quand on est arrivé. Là aussi, on a eu le droit à la visite de la boutique, mais les vendeurs étaient moins cons que celui de Varanasi. On a profité de la "fraicheur" de la boutique et on a continué notre chemin avec le tuktuk qui nous a emmené à un atelier de peinture. On n'a même plus fait semblant de s'intéresser à ce qu'il nous montrait. On s'en foutait éperdument. Le monsieur n'a pas aimé notre manque de savoir vivre. Mais c'était la goutte d'eau. On avait vu de loin un palais sur l'eau qui n'avait pas grand chose d'enchanteresse, on avait vu des éléphants enchainés dans un sale état. On avait déjà fait plusieurs boutiques sans nécessairement le vouloir. Ouais, on en avait plein le cul de ce cirque.
A Fort Cochin, dans le sud de l'Inde, on a préféré le système. Ca nous a bien fait rire d'ailleurs. Sur la presqu'île les chauffeurs de tuktuk ne font pas forcément payer la course. En échange, ils nous emmènent dans une ou des boutiques gouvernementales avec soit disant des objets artisanaux. Le deal entre les boutiques et les chauffeurs de rickshaw est bien plus transparent. Du coup, un matin, on a fait 50 mètres en tuktuk pour un chauffeur qui nous avait demandé gentiment de lui filer un coup de main. On a passé 5 ou 10 minutes dans la boutique à faire semblant de s'intéresser. Et une autre fois, on a passé une journée entière avec un chauffeur de rickshaw à alterner visites de boutiques gouvernementales et visites de lieux touristiques. On s'est même fait du blé, vu que le chauffeur à partager sa commission avec nous. C'était le deal. Dans les boutiques, ce sont toujours les mêmes objets, meubles, tissus. C'est toujours le même argument de vente. Il n'y a rien d'authentique là-dedans! On apprend rien de la culture à part qu'ils sont bons en affaire. Ce que je retiens, c'est que le pashmina ne brûle pas pareil que le synthétique. Voilà, voila!
A Varanasi, au 2ème visa je crois, on avait prévu de faire les boutiques. On a croisé notre pote Moon qui est boatman (et qui fait tout ce qui lui tombe sous la main comme boulot). Il nous a emmené dans une boutique en nous disant qu'il allait nous refiler la commission. On a refusé. Ca nous faisait plaisir de faire semblant d'être des clients pour qu'il se fasse un peu de thune.

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Rares photos que j'ai des ateliers de textiles en Inde. Je ne suis pas à l'aise à l'idée de photographier des gens que je ne connais pas, encore plus quand ils bossent...

Ce qu'on a vu de l'artisanat local en Asie du sud est

Passons au sud-est de l'Asie maintenant. Là aussi ça a été la déception pour moi. Qu'est-ce que j'ai vu comme artisanat local? Comme on avait déjà passé pas mal de temps en Asie du sud, on ne se fait plus avoir par les trucs à touristes. On dit non et on passe notre chemin. Ca fait rustre mais ça nous permet d'avoir la paix. (L'Inde c'est très formateur!)
Au Laos, on a vu des ateliers et des machines à tisser. C'est con, mais à partir du moment où tu en as vu une, tu les as toutes vues. Et on avait déjà vu ça en Inde. En plus, je suis née à Calais, j'y ai passé toute mon enfance. Le tissage de la dentelle, je connais. Le milieu industriel qui va avec aussi. Et j'aime ça. Le tissage à la main (avec un métier à tisser en bois) y ressemble. Le principe est le même en beaucoup, beaucoup plus simple. On ajoute à cela la problématique de la langue, au final, on n'apprend rien de bien nouveau. Les subtilités s'il y en a, elles passent à la trappe. Au Laos, j'ai vu aussi lors d'une de mes promenades du papier artisanal. Il était en train de sécher au soleil. C'était joli à voir. Je n'avais néanmoins pas envie de me taper l'attraction à touristes qui allait avec les explications. J'ai passé mon chemin.
Dans le sud-est, je m'attendais à voir plus de travail du rotin / bambou et de cannage. On a vu des boutiques, ça c'est certain. Des artisans en revanche, toujours pas. La seule chose que j'ai vue réellement c'est le tressage d'un panier pour cuir du sticky rice au Laos. Je n'ai pas vu comment était fait le mobilier en rotin qui a tant la côte en ce moment en déco en France.
Ma dernière "déception" date de l'Indonésie, soit en début d'année. Là aussi, je m'attendais à monts et merveilles avec une certaine réserve. L'Indonésie dans mon esprit c'était des artisans qui bossaient le cannage au bord de la route. C'était du mobilier en bois exotique. C'était aussi un travail du textile différent. Ouais, donc, on n'a rien vu de tout cela. On a vu un camion bien trop chargé de meubles en rotin. On a vu encore des métiers à tisser. Mais rien de transcendant hein! Je relativise et garde une part d'espoir, notre séjour en Indonésie était très particulier. J'ai passé la moitié de notre séjour clouée au lit. Et l'Indonésie c'est immense, on aura peut-être l'occasion de voir d'autres facettes de l'artisanat un jour.

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Fabrique de papier artisanale à Luang Prabang, de l'autre côté de la rivière

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Ce qui nous intéresse ici n'est pas le contenu de l'assiette, mais le petit panier de riz. (Dans l'assiette, c'est du lap, de la viande de porc hachée et assaisonnée. c'est bon!) Le panier est peut-être l'un des rares objets fabriqués à la main qui sert au quotidien au Laos. Souvent, il est en plus grand format et il sert à stocker le riz préparé le matin pour toute la journée.

 

L'artisanat local en Asie dans le quotidien des asiatiques

Maintenant que je vous ai expliqué que l'artisanat est essentiellement un piège à con une attraction à touristes, je vais vous parler de ce qu'on voit au quotidien. La manière dont les locaux vivent, ce qu'on a pu observer.

La place des textiles dans le quotidien en Asie

L'Inde et ses sarrees colorés. L'Inde me manque pour ça (et pour un tas d'autres choses). Les femmes sont belles en sarree. (Même les moches sont élégantes pour la française que je suis). Toutes ne sont pas habillées en sarree. Parfois, elles portent une tunique avec un pantalon ou un legging. Et cet ensemble est automatiquement complété par l'écharpe portée de différentes manières selon les régions. L'écharpe est assortie au pantalon. C'est esthétiquement très joli. Et cette effusion de couleurs fait partie des choses que j'adore en Inde. Sauf que si on remet les choses en perspectives, ils sont quand même plus d'un milliard, un peu moins de la moitié sont des femmes, qu'il y a des différences de classes sociales énooooormes... On se doute bien que toutes les femmes ne portent pas des sarrees tissés et brodés à la main. Il y a des sarrees affreusement chers, destinés à une petite partie de la population et pour les grandes occasions du type mariage. Les personnes qui ont les moyens d'acheter de tels sarrees, on ne les voit pas. Elles sont dans leur maison sous la clim dans leur quartier résidentiel.
En Malaisie, il y a de tout. Il y a la beauté des femmes voilées. Rien à voir avec les femmes en France qui portent un voile noir. Non, en Malaisie, ils sont très souvent colorés. Quand les femmes sortent entre elles, elles assortissent leur tenues. C'est hyper esthétique. En revanche, ce sont des voiles industriels. Il y a des boutiques à foison avec des collections immenses. Mais l'artisanat local n'a pas sa place. La communauté indienne en Malaisie, c'est un mélange de traditions indiennes et de normalité pour moi, jean's / t-shirt. On peut croiser une jeune femme d'origine indienne en sarree, en tunique comme en jean's.
Au Laos et en Thaïlande, il y a pas mal de ressemblances. Avec un sens de la mode qui défrise. On continue à s'extasier au quotidien devant celles et ceux qui sortent en pyjama en satin imprimé rouge et blanc avec les logos Supreme et Louis Vuitton. (Oui, oui, ils sortent dans la rue comme ça!) On aime beaucoup aussi l'ensemble short et t-shirt de foot de toutes les couleurs pour les femmes ou les pantoufles à moumoute pour sortir. Ils en ont rien à foutre. L'ensemble pyjama / tenue d'intérieur avec Hello Kitty c'est un grand classique ici et on sort avec hein! Ca fait relativiser le sens de la mode. Pour les grandes occasions, en Thaïlande et au Laos, les femmes portent une sihn (c'est le nom laotien, en Thaïlandais, je ne sais pas comment ça se dit). C'est une sorte de tube en tissus brodé qui se porte en jupe. On ajoute un chemisier et le tour est joué. En Thaïlande, la sihn est plus colorée et moins brodée. Il y a pas mal de versions industrielles de ce vêtement. Au Laos, la broderie se fait à la main. Les motifs sont différents selon l'ethnie ou la tribu. (L'ex de mon frangin venait du sud du Laos, ses broderies étaient super jolies. C'était son business aussi!) Et pour terminer, il y a les femmes qui bossent dans les bureaux ou les administrations, au Laos comme en Thaïlande. La tenue est composée d'une jupe un peu comme les jupes crayons ou d'une sihn et d'un chemisier cintré assorti. Il y a aussi des froufrous au niveau des épaules. Ca n'a pas l'air hyper, hyper confortable. C'est très joli. Mais c'est rare de croiser dans la rue des femmes habillées de cette manière. En Thaïlande, elles ont aussi une manière de se coiffer qui est singulière. C'est un chouchou avec un noeud au dessus du chignon. C'est moins rare que l'ensemble mais la plupart du temps, les thaïlandaises comme les laotiennes ont un gros chignon fait à l'arrache sur le sommet de leur crâne. Vous voyez donc qu'au niveau vestimentaire, l'artisanat local n'est pas la première des préoccupations en Asie. C'est très loin de l'image que j'en avais quand je vivais en France.

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Métier à tisser au Laos. Je semble très blasée, mais une fois que tu en as vu un, tu les a tous vus...

Le tourisme de l'authenticité en Asie

On peut aussi parler des tribus Akha du Laos. J'ai découvert ces tribus quand je bossais en agence de voyage. C'est une attraction touristique. Faire plusieurs jours de voyage pour aller dans un coin paumé du Laos et voir des gens qui ne vivent pas comme nous. Ca coute une blinde, c'est présenté comme authentique. Le plus difficile c'est de faire en sorte que les groupes de touristes n'arrivent pas tous ensemble au même moment dans le même village, ça perdrait de son charme et de son authenticité. (Tu sens que je commence à m'énerver toute seule devant mon écran?) Bref, les Akhas sont repérables à 3 kilomètres grâce à leur tenues hyper authentiques, hyper traditionnelles, hyper artisanales. Bizarrement, aller voir les Akhas c'est une attraction touristique, les Khamus ou les Hmongs, les touristes s'en battent les reins. Bah ouais, c'est moins spectaculaire à voir surtout quand ils vivent en ville. Il y a un truc que je respecte au Laos, c'est que le gouvernement a volontairement rendu interdit une partie de son territoire aux touristes pour préserver la faune, la flore et les ethnies. Il y a une myriade de tribus et d'ethnies au Laos, seule une poignée d'entre elles, sont visibles par les touristes. Et à mes yeux, ça me semble être une bonne chose pour préserver le patrimoine et l'héritage culturel. Le tourisme de l'authenticité est une horreur. C'est un peu comme si on allait au zoo pour voir des humains qui vivent et qui sont habillés d'une autre manière. (Si jamais par le plus grands des hasards tu arrives ici pour préparer ton voyage au Laos et que tu veux en savoir plus quant à la diversité ethnique du pays, il y a un musée en centre ville de Luang Prabang autour de cette thématique...)

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Les femmes au long cou font aussi partie des attractions humaines "à voir" notamment dans le nord de la Thaïlande. Evidemment, on y est pas allé, je crois que mon point de vue là-dessus est clair. Donc il faudra vous contenter d'une photo de street-art prise à Chiang Mai il y a quelques années.

La décoration authentique en Asie

En 2018, j'avais déjà consacré un article à propos du lien que je ne fais pas entre la décoration et le voyage. Et je ne fais toujours pas le lien, du moins, pas de la manière dont mes lecteurs l'attendent habituellement. Je le disais plus haut, entre les décors bohèmes présentés dans les magazines ou les blogs de déco et ma réalité en Asie, il y a un monde. Je ne vis pas dans des hôtels étoilés où il est question de faire rêver les touristes. Je vis dans des guesthouses pas très chères mais propres (dans l'idéal) et si je voulais juste rêver d'un monde qui n'existe pas, j'aurais pu le faire depuis la France. Je ne suis pas venue chercher du rêve. Je suis venue chercher autre chose que je ne connaissais pas. Je le trouve mais c'est aux antipodes de l'imaginaire qu'on peut avoir. Limite, ce que je trouve en Asie, ça pourrait faire une série d'articles. Faut que j'y pense!
La décoration c'est tout à fait à part. La première chose c'est qu'il y a une sobriété singulière dans TOUS les pays d'Asie dans lesquels nous sommes allés. L'idée de confort en Asie et en France est très différente. Avoir un toit sous lequel dormir au sec ou à l'abri de la chaleur, c'est déjà pas mal. La place de la famille est différente. En France, ce n'est pas imaginable de vivre à plusieurs générations dans un même espace (une même maison ou un même groupement de maisons). Ici, la famille fait partie du confort. C'est plus ou moins visible selon les pays, mais c'est aussi un trait commun entre les différents pays dans lesquels on a vécu. Autre point peut-être moins abstrait: vivre au sol. En France, ça ne vous viendrez pas à l'esprit de manger assis par terre sans table. En Asie, c'est classique. En Inde tu peux rentrer dans un magasin et tomber sur les employés en train de manger par terre au milieu du magasin. L'indien qui dort au sol n'est pas un mythe. Les indiens dorment partout sans avoir à se soucier d'un matelas ou d'un oreiller. Le sol est plus frais et en Inde, tout le monde n'a pas la chance d'avoir un toit sur la tête. C'est pas un mythe. Même en Asie du sud est, manger au sol, s'asseoir sur une paillasse à même le sol, c'est classique.
Une autre différence, c'est qu'ils ne portent pas le même intérêt que nous à l'habitat. Ce n'est pas juste une question de décoration. En ce moment, on est à Kanchanaburi, petite ville en Thaïlande et on n'est loin des repères à touristes. La maison de la mamie devant chez nous c'est un cube en béton pour le rez-de-chaussée, surmonté d'un étage en bois. La toiture c'est de la taule. La cuisine en Thaïlande et au Laos est souvent en extérieur. La cuisine comme chez nous n'existe pas nécessairement. La gazinière, tu oublies. Un pot en terre avec une grille et charbon de bois. C'est bien plus fréquent que ce qu'on peut croire. La salle de bain et les toilettes, c'est une pièce souvent ajoutée à l'extérieur de la maison avec des parpaings et un toit en taule. D'ailleurs si mes souvenirs sont bons en laotien pour dire salle de bain c'est l'équivalent de la pièce dehors pour se laver alors que les pièces d'intérieur, dans le mot en laotien l'idée d'intérieur est dans le mot. Au lieu d'avoir des noms par rapport à la fonction de la pièce, il y a une notion de localisation (dehors / dedans).
Le lit aussi est différent. En ce moment, on a du luxe ++. On a un matelas qui est confortable, avec un sur-matelas, un oreiller, un vrai drap housse et même une couette légère. Ca n'arrive jamais ailleurs que dans cette guesthouse. On a souvent des matelas en mousse où après quelques heures tu sens la planche de bois qui sert de sommier. On a aussi des matelas bien trop vieux où l'on sent bien trop les ressorts. On a aussi des matelas / paillasse durs comme du béton. On dort bien dessus quand même. En Inde, c'est arrivé plusieurs fois que les belles tentures imprimées qu'on accroche aux murs en France soit le drap qui protège le matelas. La chaise en plastique marron, un incontournable en Inde! C'est moche, ça fait salon de jardin. Mais ils s'en battent les couilles. Ca permet aux parents ou grand-parents de s'assoir plus haut que le sol. La couleur des murs n'est pas nécessairement assortie à la couleur du carrelage au mur. La taille des meubles ne correspond pas à la taille de la pièce. Un monde différent, très différent. Si j'ai buggé pendant plus d'un an entre le blog et ma vie perso, c'est qu'il y a une raison. La différence était trop et il m'a fallu un temps pour trouver un équilibre.
L'artisanat local dans tout ça est rare. Il n'est pas inexistant mais il est rare. Les lits ne sont pas des bois exotiques précieux sculptés à la main. Ce sont des lits industriels en série. Les meubles en cannages et tressages, bah, on n'en a pas vu souvent. Il nous est arrivé une ou deux fois de voir des fauteuils boules suspendus. La déco murale ce ne sont pas des tentures tissées à la main. En Inde, ce sont des grands portraits encadrés. Il y a les aïeux décédés et parfois des personnalités politiques. On ajoute sur le cadre une guirlande de fleurs en guise d'offrande. En Thaïlande, beaucoup de cadres à l'intérieur. Il y a forcément une photo du roi encadré. Depuis la mort de l'ancien roi, il y a l'ancien roi et sa femme et un cadre avec son fils, le nouveau roi. Il y a aussi des photos de la famille. Toujours en grand format. C'est assez esthétique, archi-typique.

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C'est con, mais cette image prise à Kuala Lumpur représente assez bien une partie de ce qui est consommé: de l'industriel, du made in China, du pas authentique pour 2 ronds. Sans parler du fait que Noël, ce ne soit pas une tradition asiatique et que les communautés cathos sont en minorité.

Voilà, voilà... Comme d'habitude, mon point de vue diffère de celui d'un touriste classique lambda. On passe plus de temps à un même endroit, on retourne généralement plusieurs fois dans un même pays et cela change notre regard. On est arrivé en Asie avec des idées pré-conçues qui ont été vite balayées. Ca nous arrive encore mais moins souvent. J'ai appris à ne plus trop attendre des pays dans lesquels nous allons. Je sais que dans tous les cas, je trouverai ce que je suis venue chercher.

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Tu veux de l'authenticité en Asie? Cette scène là en fait partie... C'est en Malaisie, Kuala Lumpur, la photo a été prise il y a quelques mois.

Apprenez-en plus sur notre quotidien en Asie

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