Cher journal,
Il y a deux semaines, je te narrais notre sortie sur le pont de la rivière Kwai. Mes cloques aux pieds guérissent petit à petit. J'ai aussi pelé, parce qu'évidemment, j'avais pris des coups de soleil. Durant cette dernière quinzaine, mon frangin a validé sa première année de fac. C'est de la bonne nouvelle et ça nous a permis de voir comme il avait changé en un an à l'université. Et puis, on était dans l'attente. C'est le fait marquant de notre dernière quinzaine. Allions-nous pouvoir rester en Thaïlande... LA question à 100 balles du quotidien!
Point covid-19 et notre situation [juillet 2020]
Pour celles et ceux qui arrivent pour la première fois sur cet article et découvrent notre situation la voici:
⇒ On est nomade en Asie depuis quelques années, le principe même de notre mode de vie et de voyager à chaque fin de visas vers un autre pays.
⇒ Avec le Coronavirus, les pays d'Asie ont tous successivement fermés leurs frontières pendant le 1er trimestre de 2020.
⇒ On est en Thaïlande depuis début mars, les autorités ont fermé les frontières et décrété l'état d'urgence le 26 mars.
⇒ On a fait le choix d'aller et de rester en Thaïlande.
⇒ On pensait rester 3 semaines en Thaïlande et repartir en Malaisie. Toutes nos affaires sont à Kuala Lumpur.
⇒ En France, il y a eu un peu plus de 176 700 cas et 30 000 décès. En Thaïlande, il y a eu 3 255 cas, 58 décès. (Je viens de regarder les chiffres, nous sommes le 22/07)
Stress, stress, à quelle sauce on va être mangés?
Ces 2 / 3 dernières semaines ont été stressantes. Je ne suis plus si souvent stressée. J'ai appris à lâcher prise et à me rassurer. Mais cette fois, c'est un peu différent. Notre exemption de visa s'arrête à la fin du mois. Les frontières sont toujours fermées. On n'a définitivement pas envie ni les moyens de rentrer en France. Accessoirement nos affaires sont à Kuala Lumpur et on aimerait bien pouvoir y retourner. Et on n'en sait pas plus.
Je suis stressée plus qu'à l'accoutumée de ne pas savoir ce qui nous attend. Jusqu'à présent j'avais misé sur "il faut faire confiance", "ça va bien se passer", "on a vécu pire" pour moult raisons. Sauf que là, je suis seule à fonctionner de cette manière. Flo est stressé mais il évite de mettre 10 balles dans la machine. On en parle sans pour autant qu'il ne m'inquiète trop. Mais bon, comme il dort mal, je sais que c'est parce qu'il s'inquiète. En même temps, quand il m'en parle, je tâche d'être confiante. Il y a eu ma copine Johanna avec qui on en a parlé il y a quelques semaines. Elle est bloquée à Chiang Mai et aimerait pouvoir retourner en Chine, là où elle vit. Et puis il y a Jason... Et lui, ce serait chouette de le museler. Il choisit toujours le moment parfait pour m'en parler: quand je travaille le matin. Et il n'a pas plus d'informations que nous, juste un stress très communicatif. Et que Johanna et Flo, ça ne me dérange pas de les rassurer, Jason c'est différent. Lui, je ne l'aime pas, je n'ai pas à le rassurer et porter une partie de son stress. (Il est de Singapour, il pourrait rentrer dans son pays bien plus facilement que nous!)
Avec Flo, sans grande motivation, on a regardé vite fait comment rentrer en France ou en Europe. Parce que ouais, dans ce climat, il n'y a que l'Europe qui a ouvert ses frontières. (Whaaaat the fuuuuuck?) Il y a la Tunisie et la Turquie aussi. Mais en vrai, la vie coûte très cher en France, on n'a pas les moyens de vivre en France. (En plus de ne pas en avoir l'envie!) J'ai regardé les offres d'emploi, les alternatives... Sérieux, si quelqu'un a une caravane / un chalet / une cabane au milieu du Larzac / de l'Ardèche / sur la côte bretonne / en Corse, je suis preneuse! Sinon ouais, non!
On a vécu pire depuis un peu moins de 4 ans en Asie
Avoir confiance en ce qui va arriver. C'est quelque chose de nouveau pour moi. Avant de partir de France, j'étais sujette à de grosses crises d'anxiété avec un imagination débordante. Rien de positif ne pouvait arriver. (J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer comme j'étais cassée avant notre départ...) Et puis on est arrivé en Asie et on a vécu des situations improbables:
- La démonétisation en Inde
On s'est réveillé un matin, les plus gros billets n'avaient plus de valeur. Ca faisait moins d'un mois qu'on était arrivés en Inde et en Asie. On a du apprendre à composer avec. On a fait la queue aux ATM. On a changer nos coupures qui n'avaient plus de valeur dans une banque indienne (tu vois les 12 Travaux d'Astérix? C'est la même chose!) L'économie indienne a sérieusement pris un coup dans l'aile, plus personne n'avait d'argent. - La grève et manifestations à Chennai
Quelques mois après la démonétisation, on est parti à Chennai (anciennement Madras) et on est tombé dans une période d'émeutes. L'asso PETA cassait les couilles à propos d'une tradition tamoule. Les indiens ont protesté. Même si en France on manifeste beaucoup, les indiens n'ont rien à apprendre. On en a chié pour réservé nos billets de train. On en a chié pour aller jusque la gare. Le train n'est jamais arrivé. On a fini par fuir en avion le lendemain. - La galère du bus pour quitter le Népal
On avait un visa d'un mois au Népal. On était à Katmandou et pendant plusieurs jours on a essayé de réserver un bus pour aller jusqu'à la frontière indienne. Impossible. Il y avait des travaux sur la route, c'était le bordel. Le dernier jour de notre visa on a trouvé un bus qui partait peu de temps après. On a fait nos sacs rapidement. On est passé par le service d'immigration indien pour chopper nos passeports et on est partis. En mois de 2h on était à la gare routière. - Le bus direct qui n'existe pas dans le Kerala
On était dans le sud de l'Inde. Flo avait lu qu'entre Kumily et Varkala, il y avait un bus direct. Ce n'était pas le cas. On a pris 5 ou 6 bus pour arriver à destination, sachant que sur les bus rien est écrit en anglais, tout en malayalam. C'est une langue très jolie mais impossible à lire. J'ai du mal à considérer ça comme une galère parce que les chauffeurs de bus et les chefs de gare ont pris soin de nous de A à Z. - La déception du workaway à la ferme en Malaisie
On était fauché, ça nous arrive de temps en temps. On venait de faire un mois de Workaway à Melacca en Malaisie et on a eu envie de changer d'air. J'ai trouvé un workaway dans une ferme à Penang. Quand on est arrivé, on s'est rendu compte que le "logement" fourni c'était de la merde et qu'on allait jamais pouvoir vivre là. On est parti en ville sans préparation, sans thune, sans adresse où dormir. - L'absence de transports quand on est arrivé à Koh Lanta
On arrive avec le ferry à Koh Lanta, c'était notre 1ère fois en Thaïlande. On est à pied avec nos gros sacs. Et on se rend compte qu'il n'y a aucun transports pour arriver jusqu'à notre guesthouse à l'opposé de l'île. On commence à marcher. Un blanc expat nous a proposé de nous avancer un peu pour qu'on trouve un tuktuk, sans qu'on ne demande rien. - Mes touristas et les moments où Flo a été malade
L'expression être malade comme un chien nous va bien... Ca nous arrive rarement mais quand on est malade, on ne déconne pas. J'ai arrêté de compter le nombre de fois où j'ai eu la tourista. C'est pas juste une petite diarrhée de 2 jours. C'est plus être scotchée aux toilettes une bonne semaine, sans avoir la possibilité de manger. On sait maintenant quel médocs on doit acheter en pharmacie maintenant. Flo est moins sujet à la tourista que moi mais il lui arrive aussi d'être malade. En général, il reste au lit 3 jours et je le réveille pour qu'il boive régulièrement. La dernière grosse fois où j'ai été malade, c'était en début d'année en Indonésie. J'ai pris ça comme une mauvaise, très mauvaise grippe. Avec le recul, j'ai un gros doute, c'était probablement le Covid-19. J'ai été malade plus de 10 jours et même quand ça a commencé à aller mieux, je suis restée plusieurs semaines dans un état pas terrible du tout. - Les quelques semaines passées en France
C'était cool de voir nos proches mais on s'est rendu compte que cette vie ne nous correspondait pas tant que ça... - Le visa pour l'Inde qui met plus de temps à arriver au Sri Lanka et qui nous fait louper notre avion
On est allé au Sri Lanka pour faire notre 3ème visa indien et on avait pris un peu d'avance, en revanche, ce n'était pas encore suffisant. On avait notre avion le soir, on a récupéré notre visa le lendemain... Ca fout les boules!
Des galères, on en a vécues. En revanche, dans la plupart des cas, on a toujours eu de l'aide pour nous en dépêtrer. En Inde, c'est le plus flagrant. Les gens viennent donner un coup de main même quand on ne leur demande pas. Pour la plupart en dehors des zones touristiques dans le nord, les indiens ont un grand respect pour les touristes et ils sont bienveillants. Même si c'est le plus flagrant en Inde, c'est le cas un peu partout en Asie. C'est quelque chose d'assez difficile à expliquer parce que ce n'est pas quelque chose que l'on connait pas forcément en France. Jamais en France quelqu'un s'est arrêté pour nous prendre en voiture et nous avancer comme il s'est passé au Sri Lanka ou en Thaïlande.
Du coup, être bloqués en Thaïlande à cause du Covid-19 pourrait faire partie de nos galères, même si au quotidien, on vit bien. L'état d'urgence n'a pas changé grand chose à notre manière de vivre. On ne fait pas la fiesta, on ne visite pas 36 lieux touristiques par jour, on ne voyage pas tous les 2 jours vers une autre ville. En plus, on est dans une petite ville de Thaïlande, les mesures ont été moindres il y a quelques mois par rapport à Chiang Mai ou Bangkok. A partir du moment où on a un toit sur notre tête et qu'on peut manger, on est satisfaits!
Ambassade de France en Thaïlande et exemption de visa
Revenons à nos moutons et à cette question de visa qui nous mine depuis 3 semaines. Flo a lu que l'immigration thaï pensait que l'exemption de visa ne serait pas prolongée. (Parfois, ça ne fait pas de mal de penser en silence...) On a regardé du côté de l'ambassade de France en Thaïlande et ils ont clairement écrit qu'ils ne feraient pas de lettres pour prolonger les visas. La politique de la France concernant les français à l'étranger c'est: Tu peux / doit rentrer en France. Même si c'est en dépit du bon sens. Je le rappelle: En France, il y a plus de 170 000 cas, en Thaïlande on est à un peu plus de 3000. Même si on n'est pas spécialement flippés, on n'a pas envie de prendre le risque sous prétexte que la France a décidé que c'était mieux pour elle. (On est d'accord, ce n'est pas mieux pour nous vu ce ratio!) La semaine passée, j'ai même cherché sur Google à quoi servait une ambassade parce que clairement ce n'était plus clair dans mon esprit. Au final, l'ambassade de France en Thaïlande c'est le reflet de la politique de Macron à l'étranger. Si tu n'es pas sujet à feu l'ISF, ils en ont rien à foutre de toi.
On peut aussi prendre l'exemple des masques. On porte le masque en Thaïlande depuis début avril je crois, probablement avant. On ne comprend pas très bien ce qu'il se passe en France autour des masques. Entre la pénurie de masque, le travail des bénévoles pour coudre des masques (bordel, c'est du boulot!!!), le cout prohibitif des masques quand il y en a eu, et maintenant, ceux qui ne portent pas ce putain de masque. Euhhhh! Tu vois le masque, c'est la même chose que la capote et le VIH. Il est possible que ton partenaire n'ait pas le sida mais pour ta santé, c'est mieux de mettre une capote. Bah, le masque c'est la même chose. Il est possible que tu ne tombes pas malade, mais par précaution, tu portes ton putain de masque! Enfin bref!
On attendait hier avec impatience. Il faut savoir qu'en Thaïlande, le cabinet discute des grandes décisions à prendre le mardi. Du coup, hier, on attendait de savoir ce qu'ils allaient nous proposer pour le "après le 31/07". Il y a eu différentes théories, propositions plus ou moins faciles à vivre. Et au final, hier, la presse annonçait que l'exemption de visa était prolongée jusqu'au 26 septembre. DANSE DE LA JOIE! La proposition doit encore être signée par le premier ministre mais on peut dire qu'on est tranquilles pour encore quelques semaines.
Voilà donc ce qui s'est passé depuis un peu plus de 2 semaines dans notre quotidien en Thaïlande... Ce stress était vraiment désagréable à vivre. Mais je ne peux pas bâillonner Flo ou le mettre dans un placard pour ne plus l'entendre. Limite, avec Jason, ça ne me dérangerait pas du tout. Je sais par mes proches qu'en France, vous n'avez pas trop d'idées de comment ça se passe dans le reste du monde. Vous en savez maintenant un peu plus sur la situation en Thaïlande.
Ahhh j'allais oublié! On a fait la rencontre de 4 étudiants thaïlandais super sympa il y a une dizaine de jours. C'était plaisant de parler avec eux. La barrière de la langue en Thaïlande est souvent un frein et là ils parlaient anglais. On a passé une chouette soirée avec eux. L'italien est revenu aussi une nuit... Je ne sais pas trop comment il voyage avec sa femme thaï mais je trouve ça fun de le voir régulièrement revenir une nuit ici! C'est aussi toujours la mousson donc parfois comme hier, il pleut dans notre piaule ^^ Enfin, juste à l'instant Jason vient de m'annoncer qu'il prévoyait de repartir à Singapour. Je suis encore en train de faire la danse de la joie dans ma tête. (On verra s'il se casse réellement ou pas... c'est une autre histoire!)
Vous voulez en savoir plus sur ces derniers mois en Thaïlande et notre quotidien?
- [Journal nomade] Méditation, quotidien plan-plan et cloques au pieds (juillet 2020)
- [Journal nomade] Calme, point Covid-19 et arc en ciel en Thaïlande (début juin 2020)
- [Journal nomade] Pute, flics et petits kiffs en Thaïlande (mai 2020)