Cher journal, la semaine passée je t'expliquais que nous n'étions pas confinés mais qu'on était bloqués en Thaïlande vu que tous les pays ou presque ferment leurs frontières. Déjà avant toute chose, j'ai décalé mon jour de publication parce que j'avais sérieusement besoin d'une pause avec cette histoire de virus. Moi qui tâchait d'être zen et détachée de tout ça, cette semaine ça n'a pas marché. Trop d'informations, trop de stress sans raison. (Et oui je fais partie de la catégorie des connards qui n'ont pas spécialement peur du virus !) Mais à part ça, que c'est-il passé cette semaine?
Achat de masques et leçon de civisme à la thaïlandaise
Même si le virus fait son trou en Asie depuis plus de 2 mois, on avait jusqu'à présent esquivé l'achat de masques de protection. En Malaisie, on n'avait pas jugé cet achat nécessaire. En arrivant en Thaïlande, non plus, même si on s'était dit qu'on s'adapterait. Là on a pris les devants. On en acheté un au cas où. Contrairement à la France, trouver un masque n'est pas compliqué du tout. Il y en a en tissus, en Néoprène, en papier. Et ça se trouve sur les marchés, les doigts dans le nez. Enfin, façon de parler, vu que c'est pas recommandé.
Sur le marché on a eu aussi une belle leçon, un truc qu'on verrait qu'en Thaïlande. Déjà sur la majorité des stands il y avait du gel hydro-alcoolique à dispo pour les clients. Tu manges, tu achètes des fringues, peu importe. Tu peux te laver les mains 36 fois si ça te chante. Mais ce qu'on a préféré quand même, c'est le monsieur qui se balade avec son pousse-mousse de gel pour en proposer aux passants. Il nous en a proposé, on a accepté, il était super contents. On préfère se laver les mains avec du savon, mais on sait aussi qu'on ne refuse rien à un asiatique. Du coup, on passe bien, on se fond dans la masse.
Les européens de la guesthouse et le coronavirus
Là où on se trouve c'est une guesthouse où l'on croise un tas de nationalités européennes. Je vous parlais la semaine passée de Dim et Jess. Cette fois, on a rencontré un Suisse, un allemand qui parlait vachement bien français, une anglaise qui parlait bien trop fort et une espagnole aussi poilue qu'un portugais. Je reviendrais après sur le Français. Il vaut bien quelques lignes.
Ce qui a de cool avec cette rencontre de nationalités, c'est qu'on peut comparer les initiatives dans chaque pays, le comportement des gens et tout ça. C'est comme ça que j'ai appris qu'à Barcelone, en plein confinement, la police avait interrompu une partouze. Au début les participants de l'orgie n'avaient pas bien compris la volonté de la police. (Vas-y viens nous rejoindre avec ton uniforme!) Mais bon, ils n'avaient pas bien compris le principe du confinement non plus à priori... L'anglaise, elle, était pénible. Elle n'arrêtait pas de nous dire que sa copine était bloquée en Afrique du Sud et ne pouvait pas la rejoindre. Qu'est-ce qu'on y peut? Heureusement, elle est partie voir ailleurs. Le Suisse était bien emmerdé parce qu'il était en vélo et que son voyage est dédié à la prévention de l'AVC dans toute l'Asie. Il a du revoir une bonne partie de son programme à cause des frontières fermées un peu partout. L'Allemand quant à lui était au départ étudiant en Chine, il s'était fait la malle pour voyager un peu et il a décidé de rentrer en Allemagne. Quitte à être confiné, autant l'être chez papa et maman et profiter de leur jardin plutôt que de devoir payer un hôtel à proximité de l'aéroport en Chine. On a parlé avec d'autres touristes... Mais j'avoue que j'ai eu un peu ma dose cette semaine.
Et puis, il y a eu LE français. On n'a pas parlé avec lui, il nous a parlé. Et dans l'absolu, je ne suis pas certaine qu'il était dans une disposition qui permettait d'écouter ce qu'on avait à lui dire. C'est le gars à fuir absolument. Stressé, au taquet sur ce qui va se passer, qui connait le futur mieux que tout le monde. En bonus, il met deux masques... Pourquoi? Aucune idée. Je me demande s'il met aussi deux capotes quand il baise. (Nan, parce que le Sida existe aussi...) Sérieusement, dans son comportement, il est dangereux. Nous, on n'a pas besoin de taper à la porte de la manager de la guesthouse pour un oui ou pour un non. On n'a jamais besoin de taper à sa porte. Lui, en moins de 2 heures, il y est allé au moins 4 fois. Tu peux t'enfermer dans ta chambre autant que tu veux, ça ne sert à rien si tu passes ton temps à déranger des gens. Heureusement, il a fuit en moins de 24 heures pour aller choper un vol pour la France. N'empêche que la peur du gars n'avait vraiment rien de rationnelle.
Les mesures prises par la Thaïlande pour éviter la propagation du covid-19
Cette semaine nous attendions tous le jeudi. Pourquoi? Parce que c'est jeudi qu'a été voté l'état d'urgence par le gouvernement thaïlandais et c'est à partir de jeudi qu'on a su à quoi s'en tenir réellement. Il y a une chose qu'on a apprécié c'est que pour éviter les infos contradictoires, le gouvernement a limité les annonces à une par jour. Jeudi on a eu une liste de ce qui fermait, ce qui restait ouvert, etc. L'ambassade d'Australie a été réactive et a réalisé une infographie qui permet de savoir à quoi nous en tenir en un clin d'oeil.
Donc: Pour le moment, il n'y a pas de couvre-feu, les mesures sont valables au moins jusqu'au 30 avril et c'est prolongeable (du coup, on sait qu'on est ici au moins jusqu'à la fin du mois prochain) et les mesures sont valables pour l'ensemble du pays. Il est illégal de se rassembler et de protester. Ca se tient, c'est logique. En revanche, on trouve ça intéressant que le fait de partager des fake news à propos du virus soit illégal. (En France, rien n'est spécifié, ça a quand même été un gros n'importe quoi au début du confinement sur les réseaux sociaux).
Ce qui est fermé en Thaïlande: Les restaurants (sauf les services à emporter), les centres commerciaux, les marchés de nuit et de weekend (attraction pour les touristes la plupart du temps), les espaces de récréation, les centres de massage, les bars et les boites de nuit, les piscines, les cinémas, etc.
Ce qui reste ouvert: les banques et les ATM, les hôtels et les hostels, les hôpitaux et pharmacies, les stations essences, la poste, les agences gouvernementales... Et aussi les 7/Eleven et autres supermarchés de proximité.
Pour rester au courant, je suis le compte Siam Actu sur Twitter, Flo les suit sur Facebook. Pas trop d'infos, juste ce qu'il faut. Visiblement en plus de l'infographie, il y a des contrôles routiers, mais je n'ai pas creusé la question vu qu'on ne prévoit pas de bouger. La population et les touristes sont appelés à limiter leurs déplacements. (D'ailleurs, l'information n'a pas l'air d'être comprise par les touristes, mais passons...)
Entre ta télé et ma réalité, à propos du Covid19, il y a un fossé!
Dernière partie pour résumer cette semaine de non confinement en Thaïlande, on va parler des infos françaises. Hier, la mère de mon frère m'a envoyé un message pour savoir comment nous allions (jusque là c'est sympa) parce qu'elle avait vu à la télé qu'en Inde et en Thaïlande, les hôtels fermaient et que les français étaient obligés de dormir à l'aéroport. Je ne vais pas parler de l'Inde, je n'y suis pas en ce moment. J'ai parlé vite fait avec un copain indien cette semaine qui est confiné chez lui dans le Kerala. C'est tout ce que je sais. En revanche, je peux vous expliquer un peu plus la situation en Thaïlande.
Ici il y a plusieurs types d'hébergements pour les touristes. Je vous parle souvent de guesthouses vu qu'on vit de cette manière la majorité du temps. Ce sont quelques chambres et c'est plus ou moins chez l'habitant. Il y a aussi les hôtels qu'on trouve très impersonnels (et souvent plus chers). Il y a aussi les "hostels" qu'on peut traduire en français par auberge de jeunesse. Quelques hostels ont fermé, on a croisé des gens qui avaient du quitter leur hostels du jour au lendemain. Et ça ne nous choque pas tant que ça quand on connait le fonctionnement des structures. Ce sont des établissements prisés par les backpackeurs, c'est pas très cher souvent des dortoirs. Les backpackeurs voyagent beaucoup, ils restent 2 à 3 jours dans une ville puis changent de bled. Du coup, ce sont des super véhicules pour les maladies ou encore les bedbugs (les punaises de lit). Et vous imaginez un peu le bordel quand 10 personnes dorment dans le même dortoir, niveau transmission d'un virus dont on ne sait pas grand chose, c'est folklo. On ne sait pas si c'est la volonté du gouvernement ou la peur de tomber malade de la part des propriétaires / gérants d'hostels qui font qu'elles ferment. Je pense que c'est la peur des gens, peur somme toute justifiée.
Deuxième partie d'information véhiculée par la presse française: les français dans les aéroports. Et ça, c'est à mon sens la faute du gouvernement français. C'est le bordel pour quitter la Thaïlande. Nos potes, Jess et Dim, ont eu des mésaventures pour quitter le pays. A l'heure où j'écris ce message, je croise encore les doigts pour qu'ils puissent choper sans encombre leur vol aujourd'hui. (3ème vol acheté pour rentrer quand même...) Le message du gouvernement français à l'attention des français qui voyagent est simple mais très alarmiste: Rentrer chez vous de toute urgence. Du coup, les voyageurs cherchent à rentrer mais il y a moins de vols, ceux qui restent sont souvent annulés. Et voilà comment les gens se retrouvent bloqués. Les lignes téléphoniques des compagnies aériennes sont surchargées et aux aéroports il y a les bureaux des compagnies. Les gens cherchent à rentrer, à avoir des infos. Ils se déplacent vers les aéroports. On ajoute à cela les gens qui sont venus prendre un avion qui a été annulé. Ca fait du monde. Certes, la France tâche de mettre en place des vols exceptionnels avec Air France, mais ça prend du temps. Et le sentiment d'urgence véhiculée sur les sites des consulats et ambassades est bien plus flippant que la réponse apportée par les quelques avions mis en place au compte goute. Si le gouvernement français avait diffusé un message moins alarmiste on n'e serait pas là. Créer un sentiment de peur est une stratégie pour contrôler la population. Il y avait d'autres alternatives à la peur qui auraient été bien plus civilisées.
Donc ouais, il y a des hostels qui ferment, il y a des gens qui dorment dans les aéroports. Mais ce n'est pas la seule chose qui se passent ici en Thaïlande ou en Asie.
Samedi et dimanche, j'ai eu besoin de faire une pause de tout ça. Entre Facebook, Twitter, les gens qui en parlent en IRL, les gens qui s'inquiètent pour nous... C'est trop. Trop anxiogène, trop beau pour être honnête. On s'estime chanceux d'être en Thaïlande et pas en France, pas uniquement parce qu'on peut encore sortir pour aller chercher à manger, pas parce qu'on a du soleil et qu'on peut en profiter. Non, simplement, parce qu'on n'est pas obligé de vivre dans une atmosphère nauséabonde remplie de peur. On ne sait pas de quoi seront faites les semaines à venir mais on n'est pas terrifiés pour autant. D'ailleurs, je vous donne rendez-vous dimanche ou lundi pour mon prochain journal de non confinement 😉
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