Il y a quelques semaines, j'ai relu (?) le livre Mange, Prie, aime de Elizabeth Gilbert. Je mets un point d'interrogation parce qu'en achevant ma lecture, je me suis réellement demandée si j'avais déjà lu le bouquin une première fois, l'histoire me disait vraiment quelque chose. Et ce n'est pas juste parce que j'ai vu le film. Enfin bref, on s'en fiche! Dans ce bouquin, il y a une invitation à la lenteur et à prendre conscience de la beauté du moment présent. Il y a aussi toute une partie sur l'Inde où il est question de méditation. La bouffe... arfff, la bouffe! Chez nous, c'est très important. Bref, je me suis demandée si d'un point de vue extérieur, on pouvait croire que ma vie ressemblait à celle du bouquin. Je ne pense pas, mais il y a quand même quelques points communs. Je t'explique ça dans la suite de l'article.
L'art de manger - chez nous, on ne déconne pas avec la bouffe!
Mon apprentissage de la nourriture
Quand j'ai connu Flo, j'avais 16 /17 ans. Au début de notre relation, j'étais super compliquée au niveau nourriture. Ce n'était pas une question d'idéologie. C'était que je n'aimais pas ce que je mangeais, je n'aimais pas le goût. Et Flo, lui, est gourmand. Il aime manger. Il aime cuisiner. Et il m'a fait aimer les aliments. Maintenant je mange de la viande (toujours pas tous les types de viandes, mais j'en mange quand même), je mange des pommes de terre (parce que ouais, j'aimais pas les patates!), je mange quelques fromages... Grâce à lui (et à sa famille) j'ai pris goût à manger. Je savais déjà cuisiner mais quand on a pris notre premier appart ensemble, la notion de plaisir a été au centre de la préparation des repas. Il y a une raison pour laquelle avant de quitter la France, je faisais une trentaine de kilos de plus!
Notre slow food en Asie
Et puis, on est parti en Asie. On a perdu du poids parce qu'il fait chaud, parce qu'on bouge plus nos fesses, parce que notre alimentation est plus équilibrée. (Et parce que je me fais régulièrement une tourista!) La bouffe asiatique est sensiblement différente de la bouffe française. Flo n'a jamais peur de goûter des plats sur une carte qui n'est pas traduite. Moi, ça reste plus compliqué, mais il y a encore le soucis des os de poulet qui me rebutent. Ce sont les boissons que je goûte sans crainte, même si parfois c'est vraiment très dégueulasse! Bref, je disais, la bouffe en Asie est différente. A chaque fois qu'on change de pays, on change de régime alimentaire. Notre nourriture préférée c'est sans contestation la bouffe indienne, notamment celle du sud. Elle est savoureuse, variée, colorée, pimentée, généreuse... Si j'avais été poète, j'aurais pu écrire une ode à la bouffe indienne. Et il y a un truc tout bête en Inde, c'est qu'on mange avec la main droite. (La gauche, c'est la main à caca... Mais c'est une autre histoire!). Et ce détail culturel fait qu'en mangeant, on n'est pas sur nos téléphones / tablettes. Les indiens tiennent le téléphone de la main gauche, nous on préfère avoir la main sur les jambes, la table, peu importe où, mais on se concentre sur ce qu'on a dans notre assiette et pas sur un écran.
Du coup, nos repas, on les passe vraiment à deux. On parle, on savoure. On se fait goûter ce qu'on a dans nos assiettes. On partage. On observe les gens autour de nous. J'avoue, on se moque aussi parfois (notamment des touristes...) On parle avec les gens qui bossent au restau. Et cette habitude que l'on a pris en Inde, on l'a gardée. Même quand on est rentré en France quelques semaines, on avait pas de téléphone à table (et du coup, on était les seuls). Mais en étant là peu de temps, on n'avait pas envie de passer ce temps le nez exclusivement sur nos écrans.
Découvrir une nouvelle culture grâce à la nourriture
Outre le côté présence / écran, la bouffe en Asie est une expérience qui fait entièrement partie de notre quotidien nomade. Même les jours où on a la flemme de bouger, on est bien obligé de le faire pour aller manger (ou aller chercher à emporter). Comme je l'écrivais plus haut, je vis avec un homme amoureux de la nourriture. D'ailleurs, en Thaïlande, Flo s'est fait tatouer: "Born to eat". Ca laisse peu de place à une autre interprétation. Quand on va dans un nouveau pays, découvrir de nouveaux plats et nouvelles saveurs, ça fait partie de nos plaisirs. On est allés en Indonésie, on aurait pu faire comme beaucoup et nous nourrir de Nasi Goreng. Ouais sauf que c'est chiant. On a trouvé un petit bouiboui avec des plats extras et savoureux. On a gouté la carte plusieurs fois! Quand on était à Pondy la dernière fois ou à Varanasi, on a des copains qui sont venus nous rejoindre. On a embarqué Caro à Pondy et David à Varanasi dans les restau que l'on préfère. Et les deux se sont régalés!
Enfin, bref! Si je reviens à mon titre d'article: "est-ce que ma vie ressemble à Mange, prie, aime? niveau bouffe, on peut faire un lien sans soucis. La Slow Food du bouquin, même si elle ne l'appelle pas de cette manière, c'est aussi de cette manière que l'on conçoit nos repas.
La méditation une activité quotidienne
Notre départ pour l'Inde n'a pas la même motivation que dans le livre
Dans son bouquin, l'auteur part en Inde dans un ashram. Ce n'est pas une lubie qui lui prend comme ça puisque dans sa vie d'avant, elle méditait déjà et elle faisait du yoga il me semble (pour le yoga, je ne suis plus certaine et je ne vais pas relire le bouquin pour en être sûre). Je n'ai pas spécialement aimé cette 2ème partie de l'histoire. Elle est en Inde mais elle aurait pu être au milieu du Texas, ça aurait été presque pareil, seuls quelques détails auraient été différents. Je ne juge pas sa démarche, en revanche, pour le coup elle est très différente de la mienne.
Dans un premier temps, je ne suis pas partie en Inde pour méditer et me retrouver avec Dieu. J'ai proposé à Flo de partir en Inde parce que c'est un pays qui me fascinait depuis l'adolescence. On y est allé, on a eu un coup de coeur, on y est retourné. Ce coup de coeur n'est pas du à la religion, du moins pas dans ma pratique. La religion en Inde et dans certains autres pays d'Asie est super importante au quotidien. Je suis fascinée par la foi et la dévotion des gens ici. Je ne suis pas croyante, pas en dieu du moins. Pour moi, la dévotion c'était pour les vieux qui allaient à la messe le dimanche matin et pour les curés. En Asie, ça prend une autre forme et c'est une partie du quotidien très importante, notamment en Inde. Ce n'est pas exclusivement réservé aux hindous, les musulmans et les cathos, sont aussi très dévoués. Je trouve ça fascinant et très intéressant d'essayer à comprendre un peu tous les festivals, rituels, et, système d'offrandes. Mais ce n'est pas la seule chose que j'aime en Inde et ce n'est pas uniquement cela qui motive notre envie d'y retourner régulièrement.
On a essayé Auroville, on n'a pas kiffé du tout
D'ailleurs, en y pensant, c'est vrai qu'on a testé Auroville... Une communauté créée par une française dans les années 70 pour suivre le courant de pensée de Sri Aurobindo. C'est à un peu moins de 10 km de Pondy. On y est allé 2 semaines et ça n'a pas été du tout notre tasse de thé. On a rencontré les deux Marine, elles sont ce que je garde de positif de cette expérience. Et même si ça fait 3 ans, qu'on a pas mal voyagé depuis, je ne suis pas prête à y remettre les pieds. On n'est pas du tout dans la démarche de trouver Dieu. On n'est pas non plus dans la démarche Stacy-esque qui est de faire du Yoga, avoir un corps sain et un esprit sain, se la péter sur Instagram... ("La Stacy" est un symbole de l'Asie, la touriste blanche qui vient apprendre TOUT ce qu'il faut savoir sur le yoga, la spiritualité, la méditation, les chakras, le véganisme, le tantrisme... en 2 semaines et qui s'imposera par la suite comme une experte et qui te cassera les couilles avec une espèce de prosélytisme plein de jugements. Elles sont nombreuses dans certains coins de l'Asie et ce n'est pas exclusif aux femmes...) Si notre expérience d'Auroville t'intéresse, je te mets le lien en bas de l'article 😉
La méditation dans mon quotidien, comment ça se passe?
Et même si je ne suis pas partie en Asie pour trouver Dieu, je médite. Je prends le temps de méditer. J'étais flinguée quand je suis arrivée en Asie. Je l'ai déjà évoqué à de nombreuses reprises, avant de quitter la France, j'étais en souffrance. J'étais même sous anti-dépresseurs. La méditation me permet de mieux comprendre le monde qui m'entoure et ma place dans celui-ci. Ca me permet de "résoudre" certains problèmes dans ma vie. Résoudre est entre guillemets. Je comprends mieux certaines problématiques, j'arrive parfois même à prendre du recul. Et la méditation n'a pas de fin, c'est une activité qui m'accompagnera probablement jusqu'à la fin de ma vie et j'aurais juste un peu plus approfondi un peu plus certains sujets.
Et je ne médite pas assise en lotus (même si pour le coup, je sais m'asseoir comme ça!). Je n'ai pas une routine de méditation donc tu ne me verras pas tous les matins, me poser et chercher la voix du nirvana. (La seule voix du Nirvana que j'entends au quotidien c'est celle de Kurt Cobain quand je bosse!) Non, tout ça, ça me fait chier. (Y'a pas d'autres mots.) Je médite quand j'en ai envie, quand j'ai le temps, quand je me laisse le temps de le prendre. Je médite beaucoup quand on marche ou quand je vais me promener seule. Je médite quelques minutes en regardant dans le vide parce que j'ai une idée qui me passe par la tête et qu'elle a besoin d'être développée. Je médite souvent en fumant une clope seule. Bref, en changeant de vie et en adoptant un rythme plus slow, je me suis ouvert des instants au quotidien où je peux méditer.
La place de l'amour dans mon quotidien nomade
La segmentation du bouquin ne me correspond pas
Je ne te spoile pas le bouquin ou le film vu que c'est dans le titre. La 3ème partie de son récit initiatique est consacré à l'amour. L'amour amical, l'amour romantique. Ma vie ne peut pas être à l'image du bouquin parce je suis arrivée en Asie avec Flo, avec des relations très importantes pour moi. Je n'attends pas une troisième partie de ma vie pour aimer. Et globalement, cette segmentation de l'histoire me perturbe. Même s'il y a un temps pour chaque apprentissage, c'est très difficile il me semble, de mettre sa vie sur pause pour apprendre tranquillement et la reprendre le moment venu.
L'auteur ne l'écrit pas noir sur blanc, mais là où je peux la rejoindre, c'est que selon notre alignement, on est plus ou moins à même d'aimer. De s'aimer soi, d'aimer les autres, d'aimer sa vie...
Découvrir d'autres manières d'aimer
Les gens que j'aime, ils me supportent depuis des années. J'ai fait de belles rencontres en Asie aussi. Mais la plupart des gens que j'aime font partie de ma vie depuis bien plus longtemps. Partir à 10 000 bornes de ses proches. Partir en couple et uniquement à deux à 10 000 bornes du confort qu'on s'était créé. Ce n'est pas anodin. Mais ça m'a ouvert d'autres perspectives.
Avec Flo, on est ensemble depuis très longtemps et forcément, on a eu des hauts et des bas. Voyager avec lui et uniquement avec lui, ça nous a changé en tant que couple. Il me parle plus et pas que de la pluie et du beau-temps. On a de super conversations complètement perchées qu'on n'avait pas en France. Il a aussi appris à mettre des mots quand ça ne va pas et pas se refermer comme une huitre. De mon côté, j'ai appris à être plus à l'écoute, à laisser des temps où on peut parler, à être plus attentive. J'ai aussi appris à mettre des mots sur ce que je ressentais, même si parfois c'est: "Parle, je ne suis pas encore capable de lire dans tes pensées..." On est du coup bien plus proches et on ne s'attendait pas du tout à ça. On a appris quelques mois après être partis que certains de nos potes avaient pariés qu'on allait se séparer. (Sympa, les potes!) Au final, vivre comme on le fait, nous a permis de réinventer notre couple.
Il n'y a pas que Flo que j'aime. Il y a aussi mes frangins. En France, nous ne vivions pas dans les mêmes villes. On ne se voyait donc pas si souvent. Et depuis qu'on est en Asie, on a mis en place une routine. On s'appelle à 3 tous les dimanches ou presque. Parfois, on s'appelle plusieurs fois dans la semaine. Parfois, on s'appelle à deux et pas à 3 pour discuter différemment. Quand Antoine vivait au Laos, on appelait de temps en temps Alex en étant ensemble. Maintenant Antoine est en France et comme à Noël, il est remonté dans le nord, ils m'ont appelée quand ils étaient ensemble. Pour les 18 ans d'Alex, comme on ne pouvait pas être présents, on lui a fait une surprise qu'on a envoyé à sa mère pour qu'elle passe la vidéo qu'on a faite dans son dos. (On a sorti les dossiers, les gros dossiers! Héhé!)
Niveau amitié, là aussi j'aurais quoi dire. Mais c'est bien trop long pour cet article. Un jour peut-être j'en parlerai en détail. Par amour pour moi, j'ai mis fin à certaines relations amicales. En France, il y avait plus de souffrances qu'autre chose et trouver une solution semblait impossible. J'ai pris de la distance et je suis en train de faire mon deuil de ces amitiés. D'autres amitiés que j'avais en France ont pris un nouveau souffle et on fait démentir le proverbe: "loin des yeux, loin du coeur"...
Apprendre à ne pas être présent physiquement pour les gens qu'on aime
Pour terminer cet article mêlant lecture, slow life et nomadisme, et, cette partie à propos de l'amour, il est important pour moi de préciser qu'en vivant longtemps loin de la France, on n'est du coup absents pour un tas d'événements. On a loupé des naissances, on a loupé des funérailles. On a loupé des fêtes de fin d'année, des anniversaires... Ca fait chier, parfois. C'est très frustrant de ne pas pouvoir être présent surtout pour les moments difficiles où on devrait être là. Mais ça fait partie aussi de nos choix de vie. On est absent pour tout, le bon comme le mauvais. Même si d'une manière, on est présent, parfois c'est frustrant, très frustrant. (Et du coup, ça donne matière à méditer!) Et je me dit que c'est juste une manière très différente d'être présente. Une manière à inventer puisqu'il n'y a pas de guide pour expliquer comment être là sans être là. Vu comment j'avais la tête dans le guidon (et la souffrance que je ressentais) avant de quitter la France, je suis probablement plus présente maintenant à 10 000 bornes que ce que je l'étais sur place.
Donc ouais, pour conclure, ma vie ne ressemble pas vraiment au livre Mange, Prie, aime. Il y a des points qui peuvent de ressembler: notre amour pour la bouffe et le plaisir qui est associé, la pratique de la méditation même si la mienne n'est pas pour trouver Dieu et qu'elle est bien plus freestyle, l'Inde mais je préfère ma manière de voyager dans ce merveilleux et contrasté pays... Voilà, voilà 😉
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