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Niveau de vie et pauvreté en Asie

Aujourd’hui, on va aborder une problématique qui va peut-être faire grincer des dents, mais je m’en bas les couilles que je n’ai pas, je vais vous donner mon point de vue avec la petite expérience que j’ai en vivant en Asie depuis bientôt deux ans et en ayant visité quelques pays. On va parler de niveau de vie et de pauvreté.

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Pourquoi un article sur la pauvreté en Asie?

Fin juillet, sur ma page Facebook, j’ai posté une facture d’eau ou d’électricité qu’on a payé au Laos. Moins de 2 balles pour un mois pour une maison de 4 personnes, ça vaut son pesant de cacahuètes! Je suis tombée sur le cul quand j’ai vu certaines réactions de mes followers. Je n’y ai pas répondu, je ne voulais pas essayer d’expliquer un truc que les gens ne veulent pas entendre. Et Facebook ce n’est pas à mon sens, l’espace du web le plus à l’écoute, hein! Quelques temps après, je suis tombée sur un blog où l’auteur expliquait qu’elle avait vu beaucoup de pauvres en Thaïlande. L’auteur avait été un peu perturbée par tout ça. Et dans les commentaires, ça y allé aussi sur la pauvreté et les touristes et tout, et tout… J’ai laissé un commentaire dans lequel j’ai quand même glissé vite fait que la Thaïlande n’était pas le pays le plus pauvre de l’Asie du Sud Est, faut pas pousser. (J’y reviens après!)
Forcément depuis qu’on est parti avec Flo on a déjà eu l’occasion de se pencher sur la question et sur ce qu’on avait vu. On a en parlé aussi avec des gens d’horizons divers, comme mon frangin qui a vécu près de deux ans au Laos ou Jo, canadien francophone, qui a pas mal baroudé ces dernières années. J’ai aussi commencé à écrire cet article au Laos, j’ai donc eu l’occasion d’en parler sérieusement avec Marion. Encore ce matin, on évoquait cette problématique avec mon pote David qui se trouve actuellement dans le nord de l’Inde. On est tous d'accord: La pauvreté est là, c'est difficile à regarder (plus difficile pour certains que pour moi par exemple). Mais on sait aussi que la pauvreté n'est pas juste une question de pognon!

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Retrouvez ici tous les articles consacrés à notre vie nomade en Asie

En Asie, c’est pauvre, mais…

Mais ce n’est pas la même pauvreté dans tous les pays. Quand on a annoncé il y a un peu plus de 2 ans qu’on partait en Inde et qu’on ne prévoyait pas de rentrer en France, on a très souvent entendu que l’Inde était un pays pauvre. Ouais alors, c’est ce qu’on nous a appris à l’école quand on était gosse. La réalité est assez différente. Ce n’est pas un pays riche comme la France. Mais on a fait le calcul avec les potes. Ils ont des salaires plus bas que les nôtres, mais ils ont un meilleur niveau de vie. Quand on leur a expliqué que sur notre salaire qu’ils envient, il fallait retirer le loyer, les assurances obligatoires, les factures, les impôts. Quand on leur a donné les prix de tout ça. Ils ont rapidement fait le calcul et compris qu’ils était au final probablement plus riches qu’une majorité de français. Bon forcément, les potes avec qui nous avons eu cette conversation ont de bons revenus par rapport au salaire moyen en Inde. Mais n’empêche…
Je crois que pour le moment, le pays le plus pauvre que l’on ait fait, c’est le Laos. Financièrement, c’est un pays pauvre. Mais il n’y a pas que dans ce domaine que la pauvreté est présente. Au niveau éducatif, j’ai fait quelques recherches (vu que j’étais prof en France). Et wouah, ça décoiffe. Le programme est très restreint. les gamins sont obligés d’aller à l’école mais le taux d’absentéisme est impressionnant. Les profs sont payés une misère. Au niveau culturel, on s’est aussi rendu compte que c’était aussi pauvre. On oublie le ciné, les laotiens regardent des soaps thaïlandais à longueur de journée sur leur téléphone. Les jeunes filles sont obnubilées par les stars thaïlandaises. Ils ont pourtant un héritage culturel sympa, mais qui n’est pas mis en exergue sauf pour le tourisme. Je me souviens d’une conversation que j’ai eu avec mon frangin qui devenait fou quant à la pauvreté musicale au Laos… Je me foutais de sa tronche, mais après 6 mois, j’ai complètement compris ce qu’il voulait dire. En Malaisie et en Thaïlande, on a eu la chance d’assister à des concerts super sympas. Au Laos, c’est beaucoup plus compliqué. On y va à grand coup de karaoké et voilà. Bon, ce qui est drôle, c’est que maintenant Flo chante parfaitement une chanson en laotien! Mais bon…

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Les revers de la pauvreté

Mais la pauvreté est parfois un business. Ouais ça peut choquer, mais c’est le cas, dans différents domaines. Il y a d’abord le business associatif (« Donnez chers Français, pour les petits malheureux de l’Asie », je stigmatise mais l’idée est là). On a remarqué avec l’associatif que les moyens étaient utilisés en dépit du bon sens comme le cas du personnel étranger largement trop payé sur place (Près de 3000 balles quand tu vis au Laos ou au Népal, c’est suffisant pour faire vivre une paire de familles et pas juste un gars qui bosse!). On peut prendre aussi l’exemple des bagnoles flambant neuves des asso, des projets qui ne répondent pas aux vrais besoins des populations mais à ce que les asso pensent bon pour les population (bonjour le colonialisme!) Certaines associations utilisent aussi l’argent des dons et des financements pour corrompre les pouvoirs en place, c’est une des réalités en Asie. Donc ouais, la pauvreté est un argument commercial comme un autre. (On a croisé le chemin de pas mal d'assos en Asie, bizarrement, je ne vous ai jamais parlé sur le blog... Tout simplement parce qu'elles ne correspondent pas aux valeurs auxquelles Flo et moi croyons!)
Ce n’est pourtant pas le seul exemple, on peut parler aussi des mendiants. L’Inde est un pays connu pour cela aussi,. Des mendiants à foison à Varanasi par exemple. On en beaucoup parlé avec Flo quand on y est allé. Ca fait mal au coeur de voir tant de personnes pauvres. Mais… oui, il y a un mais… Mais c’est un business. Certains louent l’emplacement où ils mendient (les mafias existent hein! Et pas uniquement chez les corses ou les ritals). D’autres gagnent réellement leur vie grâce à des procédés attrape-touristes. On a un tas d’exemples, comme la jeune femme qui te demande d’acheter du lait en poudre avec son bébé. Bébé qui a été loué au bidon-ville, lait qui sera revendu au bidon-ville. Il y a aussi les enfants qui se font parrainer par un, voire plusieurs touristes, parce que tu comprends, ils sont très pauvres. Ouais, quand tu as un gosse qui a 4 sponsors, t’inquiète qu’il ne crève pas la dalle et qu’il a un smartphone très récent. Bon on n’est pas tendres avec eux parce qu’on les appelle les putes à sponsors…
Si vous voulez, on peut aussi parler des immigrés. Là, en ce moment, je vis à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie - pays le plus développé qu’on a fait en 2 ans. Il y a un nombre d’immigrés qui est impressionnant, mais là n’est pas la question. Le truc c’est que ces personnes sont exploitées (et encore je suis gentille dans le choix de mes mots). Elles bossent plus de 12 heures / jour et bien entendu 7 jours / 7 pour quasiment rien… Mais déjà plus que ce qu’elles gagneraient dans leur pays. Donc les employeurs n’ont aucun remords à se servir de cette main d’oeuvre qui bosse et qui le fait pour quasiment rien. Bizarrement, les médias en ce moment ne vous parlent plus de la situation en Birmanie ou au Bangladesh… Mais bon, on se doute bien que ça ne s’est pas amélioré. Pour vous donner une idée, on est venu la première fois à Kuala en juin 2017, on est revenu en août 2018 et on a l’impression que le nombre de sans-abris à gonfler, sacrément gonflé!

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Pauvreté et solidarité (on a de quoi apprendre!)

Mais il y a une culture solidaire différente, c’est à dire que c’est assez rare de voir quelqu’un vraiment « mourir de faim » (commentaire que j’ai vu sur l’article de blog). Ce point là, c’est une discussion que j’ai eu avec mon frangin et pour laquelle on est tombé d’accord, malgré nos expériences différentes de l’Asie. (Lui était expat et moi je suis nomade). On a remarqué un truc très con que les asiatiques ont et que nous, français et européens, nous n’avons presque plus: c’est la solidarité. Par solidarité, je n’entends pas donner 10 balles aux restau du coeur à Noël pour se donner des points de karma. Non, ici, c’est naturel, c’est culturel. Tu ne laisseras pas crever les gens de faim et de soif. Il y a des différences selon les pays, mais la finalité est la même. Je vais vous donner des exemples pour que ce soit plus clair: En Inde par exemple, tu peux aller manger au temple gratuitement si tu n’as pas les moyens de manger. C’est gratuit, tu aides à faire la vaisselle en échange et tu as à manger. Au Laos, si tu n’as pas les moyens de donner à manger et d’envoyer tes enfants à l’école, tu les mets au temple. Ils ont une éducation et des repas et aussi un certain cadre de vie puisque ce sont des temples bouddhistes. Globalement en Asie, la place de la famille est importante. Elle peut être la famille proche (les grands-parents, parents et enfants), la famille lointaine (avec les oncles et tantes, les cousins, la belle-famille) et la famille élargie (avec les voisins de la rue). Cette famille ne laissera pas un de ses membres dans la merde. Il y aura toujours de quoi manger et boire. En Inde, les gamins ne sont pas surveillés par leurs darons, mais par tous les darons du quartier. C’est un environnement qui est globalement bienveillant et plus solidaire. On peut aussi prendre l’exemple de la petite dame à Pondicherry qui vendait à manger le soir dans une cahute de fortune. La dame est décédée. Tout le quartier a mis la main à la poche pour les funérailles. Et ces dernières étaient bien plus fastes que son quotidien…

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A lire: Comment ma vie est devenue plus simple depuis que je vis en Asie 

Je ne dis pas que la pauvreté n’existe pas en Asie, mais c'est une notion qui est assez subjective. Depuis qu’on vit en Asie, je suis plus sidérée par d’autres pans de pauvreté que la pauvreté financière réelle. La pauvreté culturelle de certains pays, la rudesse du système face à la population, le manque cruel d’accès aux soins, à l'éducation ou à l’eau dans certaines régions… En revanche, je comprends que les mendiants puissent choquer. Il y en a partout ou presque. Selon les villes, il y en a plus que d’autres. Et cela choque encore plus quand on part en vacances dans un coin paradisiaque. La vie réelle n’est pas paradisiaque pour tous!